30.11.09

Ma fille, Giulia, vient de quitter Hypokhâgne

J’ai donc tenté de produire l’analyse critique de l’événement complexe et douloureux qu’elle vient de vivre, afin d’en laisser une trace en référence et pour éviter que, le temps passant, elle ne finisse par avaliser son départ comme un échec. (Cf. Archives Novembre 2009)
Par ailleurs constater l’ineptie des pratiques scolaire réservées aux meilleurs élèves de ce pays ouvre une perspective glaçante sur l’état de notre société. Il est certainement téméraire voire présomptueux de prétendre contester de telles institutions mais c’est justement parce qu’elles chapeautent et verrouillent l’ensemble du système qu’il doit être salutaire de s’y affronter.

Ce Blog est bien sur ouvert aux commentaires ….que vous pouvez rédiger après chaque message.
Je conseil tout particulièrement celui d'un prof s'exprimant sur un forum du site neoprof.org tout à fait édifiant sur l'idéologie actuelle de certains enseignants.

23.11.09

1-Lettre ouverte: Mesdames, Messieurs les enseignants d’hypokhâgne encore un effort….ou pourquoi ma fille va quitter votre établissement sans regret!

Le 3 novembre 2009

Il est facile de penser, sans grand effort intellectuel, que le premier mérite d’un enseignant réside dans sa capacité à faire un bon élève d’un mauvais, à révéler l’excellent au sein du médiocre, à déceler les capacités à travers les faiblesses. Mais dans une « classe prépa » ce précepte ne s’applique plus puisque l’excellence supposée des élèves est la norme. Alors, puisque seuls les meilleurs des meilleurs seront élus… comment qualifier les autres !? Ainsi seriez vous donc légitimés à produire du mauvais avec du bon ?
Permettez-moi d’en douter…
D’abord vous ne semblez pas vous rendre compte qu’en fondant vos enseignements sur cette règle vous êtes en profonde contradiction avec tout ce qui fait l’honneur et la valeur de votre profession.
Amener en quelques semaines de jeunes esprits remarquables à officiellement « démissionner » voire même, au pire, à attenter à leurs jours (un des meilleurs éléments de Classe de Giulia) serait donc, à vos yeux, une preuve de votre réussite, une forme sophistiquée de « sélection naturelle », en quelque sorte l’expression légitime d’un « Darwinisme social » indispensable à la constitution de l’élite de notre beau pays… !? Dans ce cas vous pourriez donc, d’ores et déjà, vous enorgueillir d’un début d’année fort prometteur…
Mais j’ose croire que la majorité d’entre vous en éprouve une peine réelle, ou en est pour le moins quelque peu affligée…Pourtant la certitude d’œuvrer pour le bien de ceux qui vont « survivre » et la fierté d’être à la source de leur future réussite continue de vous aveugler. D’ailleurs n’êtes-vous pas, vous-même, issus de cette sélection ? L’élite œuvrant pour l’élite…Il est vrai que l’éducation nationale a depuis la révolution deux fonctions peu compatibles : Favoriser la démocratie et constituer l’aristocratie intellectuelle…. Cependant il me semble qu’elle ne peut prétendre à la réussite que lorsqu’elle concilie les deux.
Penser qu’en décourageant les « plus faibles » vous allez faire apparaître les meilleurs est d’un simplisme affligeant. Croyez-moi, il est difficile d’admettre que de telles absurdités stratégiques soient encore à l’œuvre de nos jours, surtout au cœur même d’un supposé sanctuaire de l’intelligence. Ceux que vous éliminez sont la plupart du temps des esprits plus libres et matures que leurs camarades, qui ne se soumettent que difficilement à vos hautaines et incontestables certitudes. Tout particulièrement cette année puisque c’est, soit disant, ce profil d’élèves que vous aviez souhaité et que vous confrontez à l’extrême opposé de l’ambition pédagogique affichée sans vergogne lors des « portes ouvertes » du printemps dernier :
« Privilégier la solidarité entre les élèves, favoriser le développement de leur esprit critique et renforcer avant tout leur goût pour les beaux textes, l’intelligence littéraire et philosophique, l’analyse critique du monde politique et social et l’approfondissement de quelques langues étrangères… »Ce sont vos mots !
Est-ce vraiment ce qu’ils vivent jour après jour depuis la rentrée?
- D’évidence point de solidarité si ce n’est celle qu’ils développent entre eux pour résister et supporter ce qu’ils subissent…
- Les beaux textes ? Oui certainement s’ils trouvent le temps de lire, surchargés qu’ils sont, en plus des 30 heures de cours, plus les devoirs et les leçons …Peut être la nuit ? Enfin, Giulia pouvait au moins « s’alléger » de ceux du XXème siècle car tous, absolument sans aucune valeur, de l’avis éclairé de sa professeur… !
- Quant à l’esprit et analyse critiques … !? Ne sommes nous pas là au cœur de la problématique liée à tout enseignement. De quelle méthode pédagogique s’agit-il ? Le cours magistral (au centre de vos pratiques) est-il vraiment le plus approprié ? Permettez-moi d’en douter et sans prétendre trancher en telle matière je voudrais vous faire les remarques suivantes :
-Afin de développer un esprit libre il semble nécessaire au préalable de l’informer et de lui apprendre à interpréter (mémoriser et comprendre). L’idéal serait donc d’informer mais de manière non dogmatique afin de bâtir un socle à l’intelligibilité.
Mais comment y prétendre en réduisant l’enseignement au seuls cours magistraux, aussi brillantissimes soient-ils ? Est-ce vraiment la pratique éducative cohérente avec l’idéal affiché ?
Ayant besoin de soutien en un tel débat j’ai donc cherché d’autres avis susceptibles d’étayer mon propos et je l’ai trouvé dans les écrits d’une de votre brillante consœur (Eveline Charmeux) dont la pertinence et la justesse de l’analyse rendent superflue toute autre expression de ma part :
-  D’abord à la question : Pourquoi un cours magistral ? Elle répond ceci :
« Tout simplement, parce que c'est infiniment plus reposant qu'un travail de groupes (y compris pour le prof, du reste!).
Ecouter un cours, cela permet de penser à autre chose : c'est de l'évasion pure, doucement bercée par la musique du discours, généralement excellent, que diffuse la voix de son maître. Si l'on a été attentif (ce qui peut arriver...), on en retient environ 10% ; et si l'on s'est laissé aller à une rêverie personnelle, on ne retient que la belle musique, mais rien des paroles. » . J’y ajouterai un commentaire personnel. Pour combattre cela il suffit d’obliger à prendre des notes, au moins le poignet travaille… !
- Ensuite « Un cours magistral, comme une conférence, c'est une forme de documentation, plus agréable souvent que la lecture d'un livre ou d'un article, mais dont l'apport est exactement du même ordre : celui d'une information ; jamais celui d'une connaissance….. » ? Voilà qui, sans en contester l’importance, permet d’en constater la limite.
Et plus loin la définition des fameuses trois dimensions de l'apprentissage :
« 1- la dimension affective, que l'on satisfait si l'élève est considéré comme une personne à part entière, dont les savoirs sont à respecter, même s'ils sont erronés au regard de la science, et dont les difficultés d'avoir à apprendre sont partagées et soutenues dans une relation de solidarité et d'entraide mutuelle ;
2- la dimension cognitive, que l'on satisfait si l'élève a la possibilité de comprendre ce qu'on lui fait faire, à quoi ça sert, et comment ça marche ;
3- la dimension opératoire, que l'on satisfait si l'élève a la possibilité de mettre à l'épreuve, en vraie grandeur, ce qu'il apprend, afin d'en mesurer la pertinence et l'utilité, et si des liens sont ainsi créés avec la vie extérieure à l'école.
La vraie difficulté, c'est le "ensemble"... Un adverbe décidément bien difficile à intégrer !! »
Hormis en philosophie (fort notable et étonnante exception) rien dans ce qu’a vécu ma fille depuis 8 semaines ne s’apparente vraiment à cela! Pire c’est par l’absolu opposé qu’elle a été harassée et finalement écœurée.
Alors, in fine, qui sont ceux qui demeurent (meurent ?) en vos murs:
En majorité ces esprits jeunes et maniables, déjà « bien éduqués » par leur milieu familial, convaincus que le monde n’est qu’un vaste champ de bataille où ne subsisteront que les plus compétitifs et, paradoxalement, les plus soumis à l’autorité. Ceux à qui l’on peut demander tranquillement d’oublier tout ce qu’ils croient savoir afin d’implanter dans leurs vierges cerveaux «La Connaissance » que « Le Maître » détient sans conteste.
Et, plus rarement, car peu d’entre eux parviennent jusque là, quelques éléments « issus des classes défavorisées » (comme ils disent… !) qui vont s’accrocher et se soumettre pour tenter de s’élever dans « la lumière »…Ceux là sont méritants et respectables et parfois ne perdent pas leur âme en chemin. (Mais leur rareté a nécessité la mise en place d’un quota de places réservées à quelques « privilégiés » issues des ZEP. Ne chercherait-on pas là simplement à masquer les carences démocratiques d’un système éducatif obsolète plus prompt à créer des inégalités qu’à les résoudre? Êtes-vous vraiment fiers de ces résultats et assurés des qualités intrinsèques de cette prétendue sélection ? Pour ma part celle actuellement au pouvoir me laisse pour le moins sceptique ?
Enfin pour celles et ceux qui partent, et j’en connais intimement au moins une, je leur dis bravo, les félicite d’avoir le « courage de fuir » et les encourage à le faire avec fierté. Il est très difficile à plus ou moins18 ans de résister à une telle pression et quasi impossible de se rebeller. Soyez convaincus que l’échec et la perte ne sont pas de votre côté et n’ayez aucun regret. De toute évidence l’avenir qu’ils vous promettaient est obsolète et ne survivra pas aux bouleversements qui s’annoncent même si cette forteresse éducative se comporte comme si elle allait être miraculeusement épargnée.
Écoutez ce que nous disait notre fille le 12 octobre dernier :
«…. Je parle au passé parce que mes espoirs s'amenuisent, que même mon orgueil de bonne élève se fait la malle, et que les bancs égalitaires et fraternels de la Fac m'appellent avec de plus en plus de force, malgré toutes les inquiétudes qu'ils m'inspirent...
Je me rends compte aussi, avec surprise, que dans mon esprit, (ce que Pascal appellerai "le cœur" ou "l'intuition" qui ne fait alors aucun appel à la raison) la prépa s'arrête après les vacances d'Octobre, qu'il n'y a plus pour moi de colles, de devoirs le samedi matin, de profs castrateur, et de méthodes à n'en plus finir,.. Après le 25 octobre... !........ Ils veulent m'enlever ce qui me fait rire et sourire, ils veulent tuer ma poésie et ma force, ils veulent me faire rentrer dans le moule en espérant que j'apporterai à la société de demain de la rigueur et de l'intelligence, ils veulent de moi ce que je n'ai jamais été. Je ne suis pas muette, je n'obéis pas les yeux fermés, je ne me plis pas à ce qu'on me dit seulement parce que c'est dit, je ne veux pas qu'on m'apprenne à me plier aux conventions et aux absurdités...».
Somme toute n’est ce pas là, en moins de deux mois, un magnifique résultat ….!?
L’éducation est au centre de toute civilisation. Celle de notre pays est actuellement dramatiquement malmenée .Ce qui nous sert de gouvernement tente, sous couvert de réforme de l’instrumentaliser au profit d’un monde économique aberrent, comme si, aujourd’hui, s’instruire n’avait pour seul objectif que de trouver un emploi. J’ai toujours été de votre côté (vous les enseignants) dans les luttes nombreuses que vous avez menées et poursuivez encore pour essayer de sauver ce qui peut encore l’être.
Mais vous, profs privilégiés d’hypokhâgne à Joffre, porteurs d’une prétention éducative à l’excellence, vous croyez vous vraiment à la hauteur de cette ambition ? Est-ce vraiment compatible avec la déontologie de l’Enseignant d’avoir comme ultime objectif de produire des « bêtes à concours » dont un très faible pourcentage accédera au Saint Graal : L'ENS d'Ulm (Depuis 2002, 15 élèves ont été admissibles et 7 ont été admis…) 7 en 8 ans… ! Accepteriez-vous un stage de quelques semaines en ZEP pour vous immerger un moment dans la réalité et mesurer la qualité de vos méthodes face à une classe de 40 élèves en banlieue ?
Ainsi seriez vous sans doute mieux à même d’apprécier le sens profond du mot élève (élever) et du mot maître (dominer) et d’expérimenter « in situ » ce qu’est souvent la lourde charge de votre fonction …
Peut être prendriez vous-même conscience que s’accommoder sans remords (« Vous nous quitter ? Que c’est dommage ! Mais voyez donc avec la vie scolaire pour remplir votre lettre de démission (Unique commentaire Du professeur de Français (réfèrent) de Giulia en apprenant sa volonté de partir!) ») de l’hémorragie d’une partie de vos effectifs s’apparente plus à une monstrueuse absurdité qu’à l’éthique supposée de votre emploi !
Mais je rêve, n’est ce pas ?
Bernard Bouchault

Père de Giulia que je soutiens et que j’aime.

18.11.09

2-La réponse de Monsieur Le Proviseur de Joffre

Montpellier, le 16 novembre 09

                                                                   Le Proviseur,
                                                               JC NARCI

                                               à

                                                                                    Mme,M. BOUCHAULT
                                                                        Hameau d'Issoire
                                                                         07150 VAGNAS


Madame, Monsieur,


J'accuse réception de votre courrier du 3 novembre 2009.
II amalgame, dans un même élan, l'affection et la tendresse d'un père à sa fille, «prétentions» â la pédagogie et aux sciences cognitives, méconnaissance du fonctionnement du système éducatif et de ses classes préparatoires aux grandes écoles (information largement disponible dans la presse, internet et les revues spécialisées mises â disposition des élèves notamment les revues de l'ONISEP), politique politicienne, utopie,
réflexions sur l'élitisme républicain. De plus les propos que vous tenez concernant les professeurs sont d'une violence telle que l'on pourrait les qualifier de propos insultants et diffamatoires â l'encontre de fonctionnaires d'Etat dans l'exercice de leur fonction et être constitutifs de poursuites pénales. II n'appelle de ce fait aucune réponse.
En revanche deux observations :
   L'arrêté du 27 juin 1995 portant création, organisation et horaires de la filière littéraire dispose que l'enseignement dispensé dans ses classes est conçu pour permettre aux étudiants de se préparer aux concours d'admission des Ecoles Normales Supérieures, des écoles supérieures de commerce et de gestion et que les programmes des classes préparatoires correspondent aux programmes des épreuves des concours d'admission â ces écoles supérieures. Ainsi sont fixes les objectifs, les méthodes et les missions des
enseignants.
   Lors de sa demande d'admission au lycée Joffre son dossier a été classé 239ème (rang du dernier affecte 280), elle a été inscrite dans une classe où un élève sur deux a obtenu la mention Très Bien â l'examen. II est sans doute difficile pour une élève du lycée Philippe Lamour de Nîmes, toujours récompensée de se trouver confronté â une nouvelle réalité. Je ne doute pas néanmoins de la réussite de votre fille â l'université. Les
résultats de la classe de terminale et la mention Bien obtenue au baccalauréat avec 14,92 de moyenne sont de bon augure pour sa carrière universitaire et la construction de son projet professionnel.

                                                                                                     Le Proviseur
                                                                                                   JC NARCI


17.11.09

3-Et bien sûr, la mienne en suivant...

Le 22 Novembre 2009

Monsieur Le Proviseur du Lycée Joffre,

J’ai lu avec grande attention votre réponse à ma lettre du 3 novembre 2009. Je dois avouer qu’elle me laisse un peu interloqué.
D’abord je ne pensais même pas en recevoir. Une amie enseignante m’avait ainsi prévenue :
« Quant à ton texte, nécessaire et légitime, ne te fais pas d’illusion, il sera balayé d'un revers de main par les profs, qui y verront les états d'âme inintéressants d'un père, qu'ils qualifieront de papa-poule ou de "soixante-huitard" ».
Mais finalement voilà que j’en obtiens une de leur hiérarchie. Et quelle réponse ! Ce n’est pas d’un revers de main qu’il s’agit mais bien plutôt d’une charge au canon (peut être prévisible de la part d’un établissement situé « allée de la Citadelle »).
Et tout est bien là comme prévu ! La réduction au « papa poule », introduction gentille et compassionnelle, immédiatement suivie d’un jugement méprisant sur mes piètres « prétentions » à la compréhension d’un monde dont de toute évidence je ne fais pas partie. Discréditer en quatre lignes condescendantes trois pages d’analyse argumentée me laisse pantois d’admiration…. !
Je vous le concède, l’esprit critique est une denrée rare et vous ne devez pas être habitué à vous y frotter, mais lorsque l’occasion se présente pourquoi ne pas en profiter ? Faire un effort d’écoute, entendre le fond d’une pensée divergente de la sienne mais certainement fondé sur une légitimité, expérimenter la contradiction comme source d’évolution, et peut être ainsi prétendre à s’améliorer. Mais je suis un utopiste, n’est ce pas ?
Et puis, enfin si mes « propos….. n'appelle(nt) de ce fait aucune réponse » pourquoi donc prendre toute cette peine à m’écrire. Quel est donc, alors, son véritable objet? Ne serait ce pas les menaces explicites « de poursuites pénales » susceptibles de calmer mes ardeurs dénonciatrices? Mon nez me démange et me fait parier pour cette hypothèse…
Enfin, Monsieur Le proviseur, dans ce cas là, n’aurait-il pas été plus sage de simplement m’ignorer et de me laisser moisir dans mon ressentiment de père meurtri, pauvre idiot idéaliste ? C’est pourtant bien là, et vous ne pouvez manquer de l’ignorer, la quintessence du mépris et son expression la plus efficace. Et, sachez le, votre tentative d’intimidation m’amuse bien plus qu’elle ne m’effraie. Souhaiteriez-vous vraiment un relais médiatique à ce petit événement provincial ?
D’autant, qu’aujourd’hui, vous venez bien généreusement renforcer (inconsciemment semble-t-il) mon analyse. Surtout en poursuivant par deux « observations » particulièrement savoureuse :

D’abord les « Tables de la Loi » ultime refuge de l’esprit assiégé. Comme si cette « mission administrative» était à même de justifier toute dérive qui peut en découler. C’est tellement vrai que le ministère en a lui-même pris conscience et que le directeur général de l’enseignement supérieur à organisé en 2007 « La Rénovation de la filière littéraire des CPGE » Bulletin Officiel n° 19 du 10 mai 2007 Circulaire N°2007-102 DU 2-5-2007. Je vous invite donc à le relire. Vous y trouverez cette phrase : « La filière littéraire doit donc dans son ensemble gagner en cohérence et en visibilité, tant pour les élèves eux-mêmes, dans le cadre de l’articulation de ces classes au système universitaire LMD, que pour le monde socio-économique qui attend beaucoup des jeunes issus de cette formation ».

Mettre en péril l’équilibre physique et mental de plus de 600 élèves en huit ans pour obtenir 7 admis à l’ENS n’est donc plus vraiment à l’ordre du jour. Et c’est ce qui nous a été dit lors de vos portes ouvertes de l’année dernière (brillamment par Mr Cotte) et nous a convaincus de l’intérêt de cette filière pour Giulia. C’est cette contradiction de fond et uniquement celle là qui m’a amené à réagir car elle concerne un nombre important d’élèves et déborde largement notre petit cas personnel. Mais comme la tentative de suicide d’un élève de LS1 ne semble même pas de nature à vous remettre en question et bien que je n’aie jamais cru que ma lettre y parviendrait j’ai écrit une sorte de pamphlet comme unique trace écrite de ce douloureux épisode.

Ensuite, et pour finir, votre seconde « observation », un modèle d’arrogance perfide. Surtout qu’elle se termine par des vœux de réussite d’une rare hypocrisie au vu de ce qui les précède. Alors pour mémoire : Giulia a été admise à la première session, avant le bac (Son premier vœu étant Joffre). Que signifie 239éme sur 280 alors qu’il n’y a que 80 inscrits en Hypokhâgne ? Et si un élève sur 2 a obtenu la mention TB qu’en est-il de l’autre moitié ? Déjà condamnée ? Ah oui, j’oubliais ! Son prof de Philo, attristé, lui a dit que le départ d’élève comme elle était une perte pour la classe… ! Et, d’autre part, je suis sur que les professeurs et l’administration du lycée Philippe Lamour sauront apprécier à sa juste valeur la haute estime que vous sembler porter à leur établissement.
Une dernière chose, Monsieur Le Proviseur, au sujet de la « violence » de mes propos. Je la trouve bien minime face à celle que subissent les élèves dans vos classes d’hypokhâgne. Mais soyez rassuré, je ne représente bien entendu aucune menace pour vous. Si ce n’est celle de vous avoir un peu dérangé dans vos certitudes béates et consensuelles. Veuillez m’en excuser.
Allez une dernière à méditer pour la route !
Un système imparfait ne se perpétue que par ceux qui savent s’y adapter et verrouillent ainsi toute possibilité d’évolution.
Et puis mes vieux restes d’éducation m’incite à vous présenter mes cordiales salutations même si, de votre côté, il ne vous a pas semblé utile de le faire.
Bernard Bouchault